Nov./Déc. 2023
VITE : UNE BOUSSOLE !
Nous sommes habitués aux injonctions contradictoires, au maquis administratif et jargonneux, à la gestion des multiples paradoxes par les politiques, vient maintenant le temps des annonces contradictoires et des rétropédalages de toute sorte : à ce rythme, nous aurons rapidement une énergie décarbonée abondante... mais peu utile, je le crains ! Plus les messages sont brouillés, moins les citoyens les comprennent, donc moins ils y adhèrent !
Rédaction : Bernard Cadeau
Jugez-en plutôt au travers de ces deux exemples :
Commençons par la rénovation énergétique, sujet majeur s'il en est. C'est sans doute le plus gros chantier des quarante dernières années, mettant en jeu des budgets de l'ordre de dix-huit milliards d'euros sur douze ans !
Mais le mieux est souvent l'ennemi du bien : les passoires thermiques doivent être éradiquées, c'est une évidence, mais le gouvernement prend tardivement conscience du calendrier irréaliste qu'il a lui-même fixé au regard d'obligations Européennes. On ne peut prendre le risque social et économique de voir cinq millions de logements disparaitre du marché locatif ! Dans un marché déjà très tendu c'est un risque social majeur !
Nous assistons alors à une véritable cacophonie : Notre Ministre de tutelle évoque une réflexion sur une liste minimale de travaux à réaliser ; il a raison c'est une piste ; son collègue de Bercy évoque, lui, un report du calendrier (ce serait tout simplement très sage) avant de se rétracter ; dans le même temps sa collègue Ministre de la Transition Energétique exclut tout report, mais évoque « de possibles dérogations ciblées » Que pouvons-nous entendre par dérogations ? Faut-il comprendre que les exceptions seront, comme en matière fiscale, plus nombreuses que la règle de base ? Qui peut nous éclairer ?
Une seule certitude : nous devons ajuster nos ambitions à nos moyens, ou augmenter ces derniers. C'est le bon sens, commun à toute stratégie gagnante.
Vérifions tout d'abord l'efficience des diagnostics énergétiques. Les professionnels s'accordent sur le besoin d'élaborer une nouvelle approche, plus objective, plus lisible par le client, et plus conforme à l'objectif recherché. Certains acteurs hésitent à s'engager sur un contenu de travaux permettant de sortir de telle ou telle catégorie, de crainte d'engager leur responsabilité. Cette question doit être traitée. De l'autre côté, les bailleurs hésitent à investir des sommes conséquentes pour passer de la classe G à la classe E, sachant que dans dix ans il faudra être en E, sans garantie aucune des travaux futurs à entreprendre, ni de leur coût !
Assurons-nous ensuite que la filière Bâtiment peut mobiliser les ressources techniques et humaines nécessaires ; France Stratégie, organisme dépendant du gouvernement, évoque un besoin de 200 000 travailleurs supplémentaires d'ici 2030. Combien d'entreprises seront-elles agréées RGE et dans quel délai ? Outre la main d'oeuvre c'est le savoir faire et la qualification qui doivent être interrogées.
Adaptons, enfin, le financement de ces travaux à leur cout réel, évalué entre 40 et 50 000 euros par chantier en moyenne. Tous les spécialistes le reconnaissent : seule une rénovation énergétique massive est efficace : en clair, certes le changement de la chaudière est utile, mais il faut aussi isoler la toiture et changer les fenêtres pour ne prendre que ces exemples ! Le dispositif Maprim'rénov est un succès en nombre de dossiers ouverts, mais les sommes allouées sont très en deçà des besoins réels. Saluons malgré tous les efforts récents pour optimiser légèrement le dispositif. Mais, très nombreux sont les Français qui sont dans l'impossibilité financière de payer le surplus du budget rénovation. Selon l'âge et les revenus, les banques ne prêtent pas. Les personnes concernées sont alors triplement victimes : ressources modestes, conditions de vie dégradées dans une passoire thermique, et budget chauffage supérieur à la moyenne ! Une fois ces trois points validés, viendra le temps de fixer un calendrier réaliste. Une voix gouvernementale unique est d'ores et déjà requise ! Seconde illustration : le PTZ. On nous annonce son élargissement à plus de territoires pour plus de bénéficiaires, notamment en faveur des classes moyennes, bravo ! Le ministre de l'Economie, l'annonce... Après nous avoir expliqué, il y a quelques mois qu'il n'en était pas question ! Le dispositif est élargi à plus de zones tendues ; il est également renforcé en montant (100 000 euros) et en quotité, allant jusqu'à 50% du projet. Mais au passage, le PTZ est supprimé pour la construction de maisons individuelles, anéantissant ainsi le rêve de milliers de foyers modestes ! Où est la cohérence ? Comment favoriser la mobilité professionnelle, la réindustrialisation de notre pays et le dynamisme des territoires, sans permettre aux plus modestes de conjuguer habitat et qualité de vie ? C'est toute la filière de la construction de maisons individuelle qui est menacée, et avec elle des dizaines d'artisans locaux !
Une question peut résumer ce qui précède : l'Etat est-il Stratège, ou bien Pompier ?
Le gouvernement veut-il laisser le marché s'ajuster, seul, par les prix, au nom du pouvoir d'achat, tout en laissant derrière un champ de ruines ? Le Logement servira t-il une fois encore de variable d'ajustement budgétaire ? La loi de Finances 2024 va nous éclairer ! Le gouvernement croit il encore aux vertus du logement et de l'immobilier ? Notre ministre va lancer une grande réflexion autour de l'investissement locatif... Et si le statut du bailleur privé que nous appelons de nos voeux depuis plus de dix ans devenait une réalité ?
Expression #95
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