En manque de logements, l'allemagne frappée par la crise immobilière

A l'image d'autres pays européens, l'Allemagne est actuellement traversée par une crise immobilière, en raison notamment des arrêts de chantiers et des faillites d'entreprises. Résultat : faute de construction de logements, la crise s'intensifie. De nombreux Allemands, qui avaient signé pour la construction de leur logement, ont vu leurs rêves de devenir propriétaires brisés par l'arrêt brutal du chantier. Flambée des taux d'intérêt qui renchérit le coût du crédit, demande en chute libre, envolée du prix des matériaux. Les faillites d'entreprises ont été multipliées par deux sur un an dans le secteur de la construction en Allemagne, stoppant net le nombre de chantiers. Afin de relancer les constructions, l'Allemagne manquant cruellement de logements, le chancelier Olaf Scholz a invité les professionnels de la branche à se réunir pour trouver une solution. Au programme : déblocage de fonds pour le logement social, élargissement des prêts publics pour les familles, allègements règlementaires et fiscaux pour les constructeurs ainsi qu'un soutien public pour la conversion d'immeubles de bureaux en habitations.

La construction de logements gelée par les promoteurs

« Les investisseurs ne savent plus comment rentabiliser certains projets », déplore Tim-Oliver Müller, président de la HDB, fédération allemande du bâtiment. Durant plusieurs années, le secteur a bénéficié des taux d'intérêt bas : la demande était forte et les chantiers dans les grandes villes allemandes se sont multipliés. Puis, les taux ont été relevés pour combattre l'inflation, la demande des crédits a chuté et les prix des biens à la vente et la rentabilité des projets ont plongé. Dans le même temps, les promoteurs souffrent de la hausse du coût des matériaux de construction, consécutive à la crise sanitaire et amplifiée par la guerre en Ukraine. Selon un récent sondage de l'institut IFO, une société immobilière sur cinq a déclaré avoir annulé des projets de construction en août, tandis que 11,9 % d'entre elles sont confrontées à des difficultés de financement. Cette crise est un coup dur pour le gouvernement d'Olaf Scholz, qui s'était engagé, à son arrivée au pouvoir fin 2021, à construire 400 000 logements par an. Moins de 200 000 logements pourraient être construits en 2024, et seulement 250 000 l'ont été en 2023. Beaucoup craignent que cette situation se transforme en bombe sociale, au moment où le manque d'offres provoque une forte hausse des loyers. En Allemagne, la moitié de la population n'est pas propriétaire de son logement.