ChatGPT et immobilier : «Nous n’en sommes qu’aux prémices»

Que gagne-t-on réellement en utilisant une IA comme ChatGPT ?

On y gagne en efficacité et en productivité. Le gain de temps sur toutes les actions n'ayant pas de valeur ajoutée ou pour lesquelles on a moins de connaissances est également important. D'autant que ChatGPT est facile à prendre en main, donc non chronophage : c'est un modèle de langage avec lequel on échange simplement comme lors d'une discussion.

Vers un secteur en mutation

Pour le moment, on peut lui demander d'effectuer des tâches assez simples : répondre à des mails ou à des avis clients, rédiger des annonces immobilières, même si - pour cette mission précisément - beaucoup d'outils intégrés aux logiciels professionnels immobiliers permettaient déjà de le faire. Il faut bien entendu ensuite reprendre ces contenus et les améliorer, car Google référence mieux les contenus hautement qualitatifs et originaux. On peut aller beaucoup plus loin avec la possibilité de structurer un projet en seulement quelques questions : acculturation et compréhension du sujet, acquisition de connaissances, positionnement des consommateurs, génération de contenus liés. À travers ChatGPT, les agents immobiliers peuvent aussi programmer un calendrier éditorial, trouver des idées pour organiser des événements dans leur agence. Elle « prémâche » de nombreuses tâches chronophages, permet de brainstormer avec l'IA, de s'ouvrir l'esprit. Nous n'en sommes qu'aux prémices. Il faut désormais attendre que des développeurs s'en saisissent pour proposer des solutions métier délivrant encore plus de valeur.

Et demain justement ?

On peut tout imaginer, la seule limite est celle de notre esprit ! D'ailleurs, les différences entre les versions 3.5 et 4 sont déjà importantes, mais nous n'en sommes qu'au début des extensions. Aux États-Unis par exemple, la société immobilière Zillow a développé un plugin permettant aux clients de discuter avec l'IA de leur recherche : type de bien, emplacement, prix. ChatGPT cherche ensuite dans la base d'annonces de la société les biens qui correspondent à l'utilisateur. Bientôt, j'espère que des développeurs se saisiront de la question des documents juridiques et des documents complexes longs et fastidieux à synthétiser, tels que les rapports d'assemblée générale. ChatGPT pourrait résumer les informations importantes, répondre aux questions des agents immobiliers ou des clients, etc. - de la même manière qu'il est aujourd'hui possible de signer des compromis en quelques clics - afin de faciliter leur quotidien et d'en faire des professionnels augmentés. Demain, on pourra certainement interagir avec l'IA, la considérer comme une aide pour pallier nos manques.

Comment s'en servir correctement pour son activité ?

L'IA comporte des risques. Sous son format actuel, ChatGPT n'a en effet pas pour objectif de dire la vérité ou de vérifier que l'information délivrée sera la bonne. Ses connaissances d'ailleurs ne vont pas au-delà de 2021 et ne prennent pas en compte les sources et évolutions postérieures. Elle entend pour le moment créer les suites de mots les plus cohérentes possible, répondant aux questions posées. Les réponses délivrées peuvent donc être approximatives, incomplètes, voire fausses même si elles sont écrites avec un aplomb tel que cela peut induire l'utilisateur en erreur. Il y a des limites à l'automatisation, il est donc indispensable d'utiliser son esprit critique, de tout vérifier et de demander à l'IA de citer ses sources. Les professionnels restent garants de ce qu'ils produisent et de ce qu'ils envoient à leurs clients. J'ajouterais que l'IA s'éduque - on peut ainsi lui demander de s'adapter à notre écriture, à notre ton - pour éviter une potentielle standardisation.

Les professionnels ont donc nécessité à se former sur le sujet ?

Oui, au moins pour apprendre à rédiger un bon prompt (NDLR : la consigne donnée par l'utilisateur à ChatGPT. Il peut s'agir de questions, de déclarations ou de mots clés par exemple). On peut commencer par s'autoformer pour s'y initier, puis se tourner vers des organismes de formation - comme le nôtre - qui feront le lien entre l'utilisation de l'IA et les questions immobilières.

Les agents sont-ils déjà nombreux à s'en servir ?

L'utilisation d'outils rédactionnels est déjà largement répandue. Quant à ChatGPT, rares sont ceux qui ne la connaissent pas. Son utilisation reste cependant ludique pour beaucoup, sa mise en pratique dans le quotidien professionnel est encore à la marge.

Faut-il s'en méfier, comprenez-vous que cela puisse faire peur aux agents ?

Il y a bien plus de risque à en avoir peur que l'inverse. Quand son utilisation sera plus largement intégrée par les agences et que ses utilisateurs lui auront délégué certaines tâches, ceux qui auront refusé de s'en saisir se retrouveront à la traine. Encore une fois, le risque concerne surtout le manque de vérification. Il ne faut pas totalement se reposer sur ChatGPT. Elle implique d'être encore plus vigilant, car elle n'a pas pour but d'énoncer des vérités, cela reste de notre ressort. Elle demande aussi de continuer à s'informer, à engranger des connaissances, car elle ne connaît pas les dernières mesures règlementaires, les derniers décrets ou les évolutions législatives. Elle ne remplacera pas l'agent immobilier, nous en sommes encore très loin. C'est simplement un outil, une aide complémentaire à l'esprit humain, et non une fin.

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