Immobilier, logement : l'amour vache !

Les premiers crient haut et fort, depuis des années, leur volonté de pouvoir se loger dans de bonnes conditions. Les seconds promettent, une fois tous les cinq ans en moyenne, de s'attaquer enfin aux racines du mal, en menant une politique globale structurelle capable, je cite : « de loger tous les Français à chaque étape de leur vie ».
Mais le choc d'offre promis il y a six ans n'est pas venu, la barre des 500 000 Logements construits annuellement n'a jamais été atteinte ni a fortiori dépassée. Les différentes lois votées, certes animées des meilleures intentions (loi ELAN notamment) n'ont pas produit les effets escomptés. L'inflation normative a complexifié encore un peu plus l'acte de construire, alourdi la fiscalité et, in fine, sans effet notable sur l'investissement privé.
Alors quid de cette nouvelle Année ?

2023 devra être résiliente.

Deux sujets majeurs vont la rythmer : le pouvoir d'achat et la rénovation énergétique, le second d'ailleurs très lié au premier.
Elle s'annonce difficile pour tous. Pour nos clients tout d'abord, confrontés au problème général de pouvoir d'achat : dans quelles conditions louer, acheter, rénover, investir ?
Dans tous ces domaines, nombreuses sont les questions, à ce jour sans réponse : les taux vont-ils encore monter, les banques vont-elles encore plus resserrer leurs conditions d'emprunt, comment sera mesurée la solvabilité des locataires, les travaux de rénovation énergétiques seront-ils financés et aurons-nous la ressource industrielle nécessaire pour les mener à terme ? La fiscalité pèsera t elle encore plus sur la chaine du logement ? Quel sera l'impact des milliers de biens énergivores retirés du marché ?
Elle s'annonce également difficile pour tous les professionnels. Le marché est sous tension, aussi bien pour vendre et acheter que pour louer. La proximité ; la compétence et la pédagogie seront pour eux des atouts majeurs dans un marché de plus en plus concurrentiel. Ne nous voilons pas la face : les records de ventes ne seront pas battus en 2023 ! Nos acquéreurs ont perdu 20% de pouvoir d'achat. Regardons cette vérité en face ! La seule variable d'ajustement à notre portée, c'est le prix de vente ! Nous alertons depuis plusieurs mois à ce sujet. C'est sans doute le plus compliqué car l'affectif prend le pas sur le pragmatisme dans cette équation majeure : convaincre le vendeur de baisser son prix, alors que nous sortons d'une période faste de records de prix de vente. Certes la volonté d'achat est toujours présente, mais la capacité à acheter ne suit plus.
Nous nous devons d'être lucides et transparents : ne parlons plus d'ajus- tement mais de baisse voire de retournement du marché. Ce n'est pas un phénomène nouveau ; nous l'avons déjà vécu et surmonté pour avoir su très tôt parler vrai à nos vendeurs. Dire la vérité n'est pas toujours agréable, mais c'est courageux et utile. Ils nous en seront gré a posteriori et il en va de notre activité pour les prochains mois.

2023 devra être audacieuse !

Aurons-nous l'audace de changer de logiciel intellectuel et de méthode pour une approche durable et globale des différents sujets ? Aurons-nous l'audace d'imaginer des solutions définitives courant bien au-delà de 2027 ? Il faudra ainsi abandonner toute volonté de bénéfice personnel et démontrer un sens aigu du service de l'état et du bien commun. Je ne doute pas que l'on puisse y parvenir si nous voulons épargner au logement le rôle peu enviable de variable d'ajustement budgétaire ! Le CNR logement s'est réuni fin Novembre à l'initiative de notre ministre. Il devra traiter des questions sociale, économique et environnementale. Des personnalités éminentes, toutes parfaitement compétentes l'animent. Citons notamment Véronique Bédague pour Nexity, Christophe Robert pour la fondation Abbé Pierre , Michael Nogal grand connaisseur du logement, ou Henry Buzy Cazaux. Ce n'est pas leur faire injure (ils n'en sont pas responsables) que de s'interroger sur le calendrier et les motivations de ce CNR. Les premières solutions seront proposées fin Mars, au plus tôt pour une mise en application législative au mieux fin de cette année .... Suivez mon regard.
Les motivations surprennent également : je cite «...permettre d'identifier des solutions pratiques de nature à nous faire avancer plus vite » Plus vite vers quoi et comment ? Vers une loi de programmation budgétaire à 10 ans ? N'y a-t-il pas déjà eu une commission Rebsamen, traitant peu ou prou des mêmes sujets ? N'avons-nous pas proposé depuis longtemps des solutions pratiques immédiatement applicables et peu gourmandes en ressources budgétaires ? Il y a urgence à remplacer la cosmétique et les effets d'annonce par du fond et du temps long !
Vous le savez le début d'année est la période des bonnes résolutions, alors ne gâchons rien, soyons optimistes oui mais déterminés !
Belle Année à toutes et tous !