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FÉDÉRATION / SYNDICAT

FNAIM : « Le gouvernement doit être plus raisonnable pour plus d'efficacité »

Jean-Marc Torrollion DR

Après un été brûlant, la France se prépare à affronter les pénuries de chauffage pour l'hiver à venir. Face à la crise de l'énergie, le Gouvernement appelle donc à plus de sobriété énergétique. Si la FNAIM soutient cette demande vers plus de responsabilité collective, elle tient cependant à rappeler que les objectifs fixés pour la rénovation énergétique seront difficilement tenables. Explications avec Jean-Marc Torrollion, son président.

Le groupe de travail « logement » du plan gouvernemental de sobriété énergétique, dont la FNAIM fait partie, a émis ses recommandations. Quelles sont-elles ?

Lors de notre dernière réunion, en août, nous avons d'abord fait observer à l'État qu'il devait être cohérent dans son discours, que celui-ci ne correspondait pas à la gravité de l'équation énergétique actuelle. Aujourd'hui, nous constatons que le président de la République comme la Première ministre ont infléchi leur discours. Quant à nos propositions pour le secteur résidentiel - qui est le plus gros consommateur d'énergie devant l'industrie - nous promouvons une température de 19 °. Par un effort naturel des Français - dont 32 % se chauffent à plus de 22° - nous pouvons atteindre les objectifs de baisse de consommation d'énergie de 10 % sur deux ans. Nous avons également demandé une réflexion sur les dates de mise en route et d'extinction des chauffages. Il est facilement possible, selon les frimas hivernaux et leur durée, de gagner quelques semaines de consommation. Sur les boucles d'eau chaude aussi, l'idée est de passer de 60 à 55 °. Enfin, sur l'ensemble des consommations, l'analyse de l'utilisation des appareils électriques révèle que leur mise en route simultanée, le soir, équivaut à la production de deux centrales nucléaires ! Si les Français décalent leurs usages dans le temps en programmant par exemple leurs appareils, il sera possible d'anticiper ces pics risquant potentiellement d'engendrer des délestages, à savoir des coupures de courant. Nous avons sur ce point signé la charte d'EcoWatt, le site d'alerte de la consommation d'électricité en France.

N'est-ce pas un voeu pieux ? Comment réussir à impliquer les propriétaires, copropriétaires et locataires ?

Il faut qu'un discours global soit tenu, mais notre rôle - en tant que syndic et administrateur de biens - est aussi de délivrer une information cohérente. En parallèle, je suis persuadé que les factures d'énergies de chaque consommateur constitueront le levier de comportements plus économes. Elles seront forcément, de par leur augmentation, le signal d'alerte des efforts que chacun devra faire.

Comment réussir à concilier cette urgence à celle de la rénovation énergétique, notamment dans les copropriétés où les temps décisionnels peuvent-être longs ?

Je ne pense pas qu'on y parviendra dans l'immédiat. La sobriété - même si elle doit être pérennisée - est une réaction à court terme à un phénomène conjoncturel, quand la rénovation implique, elle, l'objectif à long terme de décarboner le logement français. Mais il est vrai que les réflexes induits par l'une doivent être corrélés aux efforts de massification de la rénovation, pour répondre aux enjeux du coût de l'énergie. Cela demande une autre politique pour laquelle nous essayons de nous faire entendre : c'est en rénovant toutes les passoires énergétiques, et pas seulement celles du parc locatif, qu'on atteindra la neutralité carbone. Il faut également planifier la rénovation énergétique en utilisant les plans pluriannuels de travaux dans la copropriété, solidariser les propriétaires occupants et les propriétaires bailleurs en rendant le DPE opposable. En parallèle, il faut revoir les instruments de la rénovation énergétique : il n'est en effet pas normal que les fonds travaux soient sur des supports servant à financer le logement social. Par ailleurs, nous souhaitons une implication beaucoup plus forte des collectivités territoriales. Enfin, l'indécence énergétique des logements doit être suspendue à l'exécution des plans pluriannuels de travaux, sinon nous nous dirigeons vers une attrition du parc privé locatif. Or, nous n'avons pas les moyens de nous priver de centaines de milliers de logements qui, quoi que l'on en dise, sont parfaitement décents.

Le gel des loyers pour les passoires thermiques est entré en vigueur. Selon l'Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE), plus de 7 millions de logements en France seraient potentiellement concernés. Que vous inspire cette décision ?

Il ne s'agit pas pour nous de remettre en cause le DPE, mais de raisonner par rapport à la réalité du logement et d'en mesurer les conséquences pour les Français. Pour exemple, 29 % du parc privé locatif d'Île-de-France et 34 % des résidences principales à Paris sont considérés comme des passoires énergétiques. Encore une fois, je ne crois pas qu'on ait les moyens de s'en priver dans cinq ans. Derrière le gel de l'augmentation des loyers, l'enjeu sectoriel est trop important.

D'autant que, selon les chiffres du site Bien'Ici, seulement 27 % des annonces immobilières concernent aujourd'hui des biens à louer, toutes les autres portent sur de la vente. Peut-on parler de disette ?

Le marché locatif est effectivement tendu du fait de moins de départs de locataire cette année, en raison sans doute d'une forme d'attentisme de ceux qui auraient souhaité acheter et parce qu'il y a moins de neuf en location. J'insiste sur le fait que le parc privé locatif est essentiel, car il est le premier pilier de la mobilité des Français

Justement, à partir du 1er janvier 2023, les « G » très énergivores seront interdits de location et les échéances concernant les « F » et « E » arriveront rapidement. Que vont devenir leurs occupants et quelles seront les conséquences sur le marché locatif ?

Les locataires de 140 000 logements recevront certainement à terme un congé pour vente, leurs propriétaires ne pouvant plus louer. Rappelons que la rénovation dans une copropriété demande du temps, car il y a une certaine inertie entre le moment de la décision et la mise en oeuvre des travaux. Que selon son emplacement dans la copropriété, la performance énergétique d'un logement peut être différente d'un autre. Inéluctablement, il y aura forcément des ventes et je crains également des contentieux. Nous nous trouvons face à une équation insoluble, issue d'un calendrier intenable et incohérent avec les décisions prises pour la copropriété, télescopant par ailleurs une envolée du prix des travaux liée au contexte actuel. Il faudrait que le Gouvernement soit plus raisonnable pour plus d'efficacité : le calendrier français doit être réaménagé sur le modèle du calendrier européen avec l'interdiction de louer les « G » en 2030 » et les « F » en 2033. Je compte sur le bon sens et sur notre capacité de persuasion, ce que j'ai exposé aux ministres Olivier Klein et Christophe Béchu.

Les élections fédérales approchent. Qui sont les candidats et quelle devra être la posture du ou de la nouveau.elle président.e ?

Les élections se dérouleront durant les journées fédérales les 20 et 21 octobre à Grenoble. Trois candidats se présentent : Loïc Cantin, François Moerlen et Julien Savelli. Le nouveau président devra adopter une posture de rassemblement et d'ouverture. D'abord pour mettre en place une partie du conseil d'administration en capacité lui aussi de rassembler les adhérents, mais aussi parce qu'il devra continuer à porter une fédération visible et engagée, y compris sur les sujets sociétaux. Enfin, il devra affronter une conjoncture économique totalement différente pour laquelle innovation, esprit d'entreprise et positionnement syndical seront déterminants.

Il n'y a donc pas de candidate ?

Non, mais je tiens naturellement à ce que dans les futurs conseils d'administration, conformément à une motion votée par l'assemblée générale, nous ayons au moins 30 % de femmes ainsi que dans les commissions métiers.

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Photo | Jean-Marc Torrollion DR

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