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OPINION

Circulez y'a rien à voir

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A l'heure ou la France hérite d'un nouveau gouvernement, nos compatriotes sont remplis d'espoir sur un certain nombre de sujets concernant l'avenir de notre pays.

Mais les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. Alors nos électeurs seront-ils à nouveau déçus ?
S'il y a bien un dossier qui n'apportera pas de désillusion, c'est celui du logement.
En effet, sans débat, sans promesse, sans programme, pas de déçu, le logement restera le parent pauvre de la future politique gouvernementale, sauf bien entendu la fiscalité, impôts et taxes, qui ont peu de chance de baisser vu l'ampleur de la dette.
Inutile de rappeler que les différents candidats à la présidentielle n'ont eu que très peu de propositions sur la meilleure façon de loger nos concitoyens.
Certains souhaitaient une « France de propriétaires », à l'heure où les prix du foncier et des matériaux augmentent plus que la solvabilité des potentiels acquéreurs.
Quelques-uns proposent la construction de 150 000 à 200 000 logements sociaux par an, au moment où les acteurs peinent déjà à en produire 85 000.
Un autre suggère de financer la rénovation énergétique sans avance de frais, quand son contradicteur revient sur la mise en place d'une « caution publique gratuite » pour l'accès à la location. Reverrait-on le débat réducteur de la Garantie Universelle des logements ?
En réalité, il n'y a pas eu de projet sur le logement, qui représente pourtant la 1ère dépense mensuelle de chacun des ménages... !
Et c'est justement là que le bât blesse. Si les politiques restent muets sur le sujet, ce n'est peut-être pas sans raison. Car les solutions peuvent être radicales.
L'essentiel de la modeste campagne présidentielle s'est fondé sur le pouvoir d'achat.
Il y a deux grandes façons de redonner du pouvoir d'achat à nos concitoyens.
Augmenter les salaires ou baisser leurs charges, en priorité celles liées à l'habitat.
La première est inflationniste et n'est pas sans limite.
La seconde est complexe. Nous l'avons bien constaté avec les efforts ces derniers mois de baisse du coût de l'énergie qui n'est que temporaire.
La rénovation énergétique, même si elle est indispensable, ne peut pas tout et reste à financer dans des délais règlementaires d'ailleurs intenables.
Pour la partie de la population qui est locataire, la tentation du déploiement de l'encadrement des loyers, au détriment des bailleurs, est grande.
Cette mesure très polémique ne favorisera pas l'investissement locatif de logements intermédiaires dans nos métropoles dont nous avons tant besoin.
Pour les propriétaires, la fiscalisation de la plus-value sur la résidence principale, le serpent de mer de certains esprits bien-pensants, grande idée économique à visée idéologique, n'aidera pas à contenir l'augmentation des prix mais grippera le parcours résidentiel, risquant au passage de faire baisser les ressources des collectivités en diminuant le nombre de mutations.
L'équation est donc complexe, sauf à vouloir une action sur le niveau du marché immobilier.
Seule une politique de construction ambitieuse peut générer un rééquilibrage des prix.
La loi ZAN (zéro artificialisation nette des sols) nous oblige à ne plus consommer de terres arables et à reconstruire la ville sur la ville, là où le foncier est cher, en densifiant.
Ne pouvant agir sur l'évolution forte du coût des matériaux, ce sont donc les dispositions sur le foncier qui font école.
Par exemple, le démembrement de propriété, instaurant pour les candidats à l'achat de leur résidence principale, la possibilité de n'être propriétaire que de l'usage du logement, est une solution économique. C'est le grand débat de société sur le choix de la détention du bien ou celle de son unique usage.
Beaucoup aujourd'hui n'achètent plus leurs voitures (électriques évidement) mais la loue en LOA ou LLD. La propriété ne ferait plus recette ! La voiture n'est jamais à vous mais vous l'utilisez.
Autre réflexion, la dissociation du financement du foncier, porté par des investisseurs institutionnels ou des SEM (sociétés d'économie mixte), permettrait aux acquéreurs de devenir propriétaires à moindre prix, en détenant seulement le bâti. Dans ce cas, le propriétaire devra verser un loyer au détenteur du foncier, renforçant la richesse des uns contre l'appauvrissement des autres.
Voilà quelques exemples de solutions pour réduire la première dépense de chacun d'entre nous.
Evidemment cela ne fait pas rêver tout le monde.
Est-ce vraiment cela que nous souhaitons ? Plus de constitution de patrimoine, plus de transmission, plus d'attachement à la pierre, mais une socialisation générale, rampante qui ne dit son mot.
Nous pourrons ainsi peut-être loger à moindre coût l'ensemble de la population dans des immeubles qui seront tous semblables mais économiques.

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