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INTERVIEW

François Moerlen se porte candidat à la présidence de la FNAIM

A l'aube d'une mutation historique dans les services immobiliers, les syndicats devront jouer un rôle central pour défendre leurs adhérents, et les placer au coeur d'un marché en pleine mutation.

François Moerlen, quel est votre parcours syndical et professionnel ?

Mon engagement dans l'immobilier est d'abord guidé par la passion. Je me suis orienté dans cette branche dès l'obtention de mon diplôme de droit, parce que je voulais intégrer une profession règlementée, tournée vers la pierre et le logement. Et j'ai eu la chance de pouvoir créer mon agence en 1996, en exerçant les trois métiers : transaction, gestion et syndic de copropriété. Il m'a semblé évident de rejoindre la Fnaim, et de m'y impliquer localement, puis nationalement, tant auprès de Jean-François Buet, que de Jean-Marc Torrollion, pour défendre les métiers que j'aime.

Vous avez transformé votre agence au fil du temps, pourquoi ?

Je suis convaincu que l'agilité est une qualité essentielle pour diriger une entreprise, et que l'innovation est une mine d'opportunités, pour tous ceux qui l'anticipent et se l'approprient. J'ai donc adapté chaque branche aux réalités techniques et concurrentielles du moment. C'est ainsi qu'est née Locagestion, une solution innovante de services en gestion locative et en location. Cette solution collaborative permet à tous les agents immobiliers, de développer leur clientèle et s'imposer face au marché du particulier à particulier.

Quel regard portez-vous sur la communauté immobilière aujourd'hui ?

L'expérience professionnelle et syndicale m'ont apporté la preuve que les « agents immobiliers » méritent beaucoup mieux que l'image caricaturale qui leur est attribuée. C'est une communauté dévouée et engagée au service des gens, passionnée par la pierre, acteurs de la vie sociale et locale. J'ai pris conscience que la première qualité nécessaire pour être agent, administrateur ou syndic, avant toute autre, est celle d'aimer les gens. Pourtant, ce n'est pas ainsi que nous sommes perçus, laissant ainsi l'opportunité à nos concurrents, de s'engouffrer dans la brèche du dénigrement. Cet enjeu d'image est capital, car de nombreux acteurs, venus du monde de la finance, sont au travail pour tenter la disruption de nos métiers, et mettre la main sur les 15 milliards d'euros que représentent le chiffre d'affaires cumulé, que pourraient représenter les services immobiliers en France.

Quelle stratégie la Fnaim peut-elle mettre en oeuvre pour l'éviter ?

Bien connaître les enjeux, c'est pouvoir anticiper, et bâtir une organisation puissante au service de nos adhérents. Nous disposons de nombreux atouts : le nombre, le maillage territorial, le contact avec les consommateurs et le cadre réglementaire sont nos bases. D'abord, nous devons transformer l'expérience client, coller aux standards de l'économie digitale et construire une valeur ajoutée augmentée, qui légitimera l'intermédiation dans l'accès et l'administration des logements. La Fnaim doit, par la force du collectif, permettre à ses membres de bénéficier des meilleurs services. Ensuite, nous devons renforcer nos liens et nos outils de partage, pour mutualiser nos forces, maîtriser l'offre et devenir incontournables. Enfin, nous devons repenser notre rôle, dans le sens d'un agent de la simplification, de la rapidité, de la transparence, en un mot, devenir agents de la simplification de l'immobilier.

Le cadre réglementaire « Loi Hoguet » est-il adapté à ces enjeux ?

Cette loi du 2 janvier 1970 a les qualités et les défauts de son âge. Elle est protectrice, et surtout, définit un cadre précis d'exercice de professions qui, dans d'autre pays, ne sont pas réellement identifiées. Elle doit à présent évoluer dans le sens du renforcement, car elle comprend des failles que le législateur de l'époque ne pouvait pas anticiper. Je suis convaincu que l'esprit général de ce texte est excellent, puisqu'il regroupe et organise dans une même branche, l'ensemble des professions du service immobilier. Mais je constate aussi qu'il n'est pas respecté lorsque le porteur de carte habilite des représentants salariés ou agents commerciaux, qu'il est dans l'impossibilité matérielle d'accompagner au quotidien, compte tenu de l'éloignement physique. Ce non-respect d'une limitation territoriale évidente, doit être interdit par la loi.

En dehors de l'instauration d'une limite territoriale à la délégation de la carte, comment construire cette nouvelle « Loi Hoguet » ?

Nous devons agir sur deux aspects :
D'abord, il faut aller au bout d'une organisation vertueuse de nos professions, en regroupant les compétences du CNTGI, des CCI, des caisses de garanties et des syndicats, sous la bannière d'une organisation de type ordinale, et dotée des pouvoirs d'admission, de sanction et de radiation. Cette organisation fonctionnera sur le modèle de la co-régulation, à l'image de l'organisation des professions du patrimoine. En second lieu, il faudra convaincre les pouvoirs publics, de s'appuyer sur nos professions dotées cette fois d'un ordre régulateur puissant, pour déployer sur tout le territoire, les politiques publiques en matière de logement. Devenir le bras armé de la puissance publique sur tout le territoire, ne peut se faire qu'au travers d'une généralisation de l'intermédiation professionnelle. Quelle autre profession, structurée, encadrée, contrôlée, présente dans toutes les régions, des plus rurales aux plus urbaines, pourrait répondre mieux à cet enjeu capital qu'est l'accès au logement pour tous nos concitoyens ?

Vous souhaitez donc devenir une profession règlementée, plutôt qu'une profession commerciale ?

La ligne de ceux qui voient notre avenir dans le commerce classique, et qui prônent, l'interprofessionnalité est une impasse. Le libéralisme débridé et l'industrialisation font le jeu du plus riche, au premier rang desquelles, les plateformes. Et à ce jeu-là, nos petits indépendants seront perdants.
Au contraire, devenir une profession dotée de délégations de services publics, qui bénéficie des avantages et des inconvénients de ce statut, débouchera certes sur davantage de règles et contrôles. Mais en contrepartie, nous bénéficierons de prérogatives spécifiques : Accès au fichier des hypothèques, au fichier de surendettement de la banque de France, des relations privilégiées avec les CAF et les CCAS. Nous pourrions délivrer des avis à tiers détenteurs, contrôler les comptes des syndicats coopératifs et la bonne exécution des plans pluriannuels de travaux. Autant de missions qui structureront les professionnels, et définiront leur responsabilité. C'est un postulat triplement gagnant : Gagnant pour l'état déléguant, qui organise la bonne exécution de sa politique.
Gagnant pour les professionnels, qui deviennent incontournables et dont les prérogatives sont reconnues et gagnant pour le consommateur, qui s'appuie sur les compétences et l'organisation des professions immobilières pour sécuriser son parcours résidentiel et son patrimoine.

Cela revient à davantage d'exigences en matière de compétence professionnelle ?

Effectivement, il reste du chemin à parcourir pour augmenter le niveau général de nos compétences, car la complexification permanente de la réglementation est un défi et une chance pour notre communauté professionnelle.
Je veux agir sur la formation initiale à deux niveaux : relever l'obtention de la carte professionnelle au niveau licence professions immobilières, et relever le niveau de l'habilitation à l'obligation d'un stage initial, dont le contenu sera clairement établi.
Mais je veux aussi agir sur la formation continue, pour que la qualité des enseignements dispensés soit mieux contrôlée et encadrée.
Là encore, la Fnaim dispose de sa propre école, l'ESI, que je veux déployer dans l'ensemble des régions, et ainsi la rapprocher des professionnels. Elle doit répondre davantage à leurs besoins de formation continue. Favoriser l'orientation de nos jeunes vers nos professions est aussi un enjeu majeur, quand on connaît les besoins extrêmement forts de nos adhérents, en matière de recrutement.

Comment va se dérouler cette élection ?

Elle aura lieu le 21 octobre, dans le cadre de journées Fédérales, qui réuniront les représentants de toutes les chambres de France métropolitaine et d'Outre-mer, ainsi que ceux de nos chambres métiers, Diagnostiqueurs et Experts. Cette respiration démocratique est l'occasion de débattre, de relancer la réflexion, et surtout, de poser les vrais enjeux. La Fnaim sera au coeur des négociations induites par la mandature qui s'ouvre, et le choix de son équipe dirigeante orientera durablement l'avenir de ses membres. Je me réjouis de pouvoir y contribuer, conscient de la responsabilité et de l'importance de la mission que nous confierons nos consoeurs et nos confrères. Les professions immobilières doivent avoir confiance en elles, et prendre en main leur avenir, avec confiance et optimisme.

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