Mais ou est donc passé le plan ?

Qui se souvient qu'en 1946, Jean Monnet fut le premier commissaire au plan, afin de mettre en place les structures modernes de l'économie post guerre ? Dix autres plans se sont succédés ensuite jusqu'en 1992. puis plus rien ! Comme si évaluer le temps long n'avait plus de sens.

Certes France Stratégie, rattachée aux services du Premier ministre, est censée remplir cette fonction.

La nomination, voici un peu plus d'un an, d'un nouveau Haut-Commissaire au Plan ouvrait des perspectives et nous permettait de nourrir quelques espoirs : quelle image de la France à horizon 2040 ou 2050 ? Et bien sûr, nous concernant, comment la France serait-elle logée ? Nous savons bien l'importance dans nos domaines, d'une vision long terme prenant en compte les générations futures.

Je dois avouer ma déception en ce domaine ! Aucune des cinq notes produites en dix mois ne concerne le logement, et la discrétion qui accompagne les travaux du haut-commissariat confine au silence total sur ce sujet !

Et pourtant c'est le moment d'éclairer l'avenir et d'enjamber le hiatus temps court / temps long qui nous prive méthodiquement d'une politique stable et structurelle pour le logement !

Cinq ans ne suffisent pas à revoir et imaginer urbanisation, aménagement du ou des territoires, transports équipements divers, outils de communication etc... Sans doute y a-t-il une dose de paresse collective qui nous rend moins agiles, mais ce n'est pas la seule raison. Un temps trop court conduit à des décisions incomplètes, hors sujet ou tardives. J'en veux pour preuve deux exemples : fallait-il attendre la dernière année du quinquennat pour demander à une commission ad hoc « d'examiner les freins à une relance durable de la construction de logement » ? Faut-il s'aviser seulement maintenant de faire l'inventaire des fonciers publics disponibles ?

Au travers de ces deux exemples, nous mesurons bien le besoin de voir plus loin. Rajoutons, en matière d'inconvénients, une politique de stop and go (souvent fiscale) qui en découle et peut logiquement désorienter et dissuader.

Pourtant des questions globales s'imposent : Comment par exemple loger les Français là où ils travaillent, ou souhaitent travailler ? Comment concilier mobilité professionnelle, emploi et logement ?

Deux enjeux majeurs nous concernent directement.

Tout d'abord, comment favoriser la production et la rénovation de logements, d'un volume suffisant, avec un effort constant, pour envisager, in fine, un rééquilibrage offre / demande, qui constitue le seul moyen efficace pour stabiliser les prix, à la location, comme à l'acquisition ? Comment conserver les investisseurs institutionnels sur le temps long dans le logement ? De quelle manière, et jusqu'où réviser le droit de l'urbanisme ?

Enfin, comment relever le défi de la transition énergétique dans le logement ? C'est une formidable opportunité pour notre industrie et nous nous devons d'y consacrer tous nos efforts, en accompagnant, en informant et en incitant nos clients à agir.

Il faudra toutefois être entendus sur la massification de la rénovation et le reste à charge des travaux. Certes le dispositif « ma prim'rénov » connait le succès et c'est tant mieux, mais la moyenne des dossiers n'excède pas cinq mille euros alors que l'estimation d'une rénovation totale se compte en dizaines de milliers d'Euros. Quid du reste à charge et de son financement ? Un dispositif d'accompagnement serait le bienvenu afin d'atteindre l'objectif vertueux d'une rénovation complète.

Voilà quelques points, et non des moindres, dont notre Haut-Commissaire serait bien inspiré de s'emparer, non ? Comme il n'est jamais trop tard, nous sommes impatients !