Entretien avec François Moerlen, fondateur de Locagestion

C'est un secteur en pleine mutation, et ce pour de multiples raisons. Tout d'abord, le cadre règlementaire a fortement évolué. Avec l'avènement d'une carte professionnelle « S », distincte de la carte « G », la tradition voulant que la gestion soit exercée par les syndics a totalement disparu. Il favorise l'émergence de Pure Players dans cette activité. D'autre part, le marché du locatif est beaucoup plus fluide que celui de la vente, le changement de locataire intervenant en moyenne tous les 23 mois, soit cinq fois plus souvent qu'une vente. Enfin c'est un marché à conquérir, puisque 65% n'est pas intermédié, ce qui représente 4 millions de logements sans intermédiaire.

Outre les grands groupes, qui poursuivent une politique de croissance externe, on voit apparaitre de nouveaux acteurs numériques. Le plus emblématique est Facebook, qui a lancé sa marketplace immobilière au printemps, en choisissant dans un premier temps, la publication d'offres de location. De nombreuses startups ont également levé des fonds, et ont été lancées sur un modèle de service de gestion en ligne non intermédié, et low cost.

La profession a considérablement évolué, et a bien pris conscience des enjeux. Il y a 10 ans, lorsque nous avons lancé Locagestion, nous devions convaincre les agences de transaction de se lancer dans la location et de proposer un service de gestion. Aujourd'hui, nous travaillons avec plus de 1000 agences, ainsi que la plupart des grands réseaux, qui veulent fidéliser leur clientèle, diversifier leurs sources d'honoraires et développer leur activité. Les professionnels veulent répondre à toutes les demandes de leurs clients, et les accompagner dans la gestion de leur patrimoine.

Sur le plan opérationnel, nous avons toujours articulé notre service de gestion externalisé autour d'une plateforme collaborative innovante. Elle permet aux agences de louer en toute simplicité, grâce à notre outil qui génère le bail numérique, et assiste la création du dossier de solvabilité en fonction du profil du candidat. Elle permet également de suivre son portefeuille en temps réel, et de rester informé à tout moment. Sur le plan financier, nos partenaires perçoivent une rémunération récurrente sur chaque dossier, et conservent l'intégralité des honoraires de location et de vente sur les biens gérés.

Le modèle économique et les nouveaux usages ont changé la donne. La concurrence fait pression sur les honoraires, qui ont largement diminué ces dernières années, le point d'équilibre financier d'un portefeuille étant de plus en plus difficile à atteindre. Parallèlement, le standard des services s'est également accru, nécessitant de plus en plus d'investissements pour répondre aux attentes d'un clientèle exigeante et digitalisée. Enfin, les contraintes règlementaires des lois ALUR et ELAN alourdissent les obligations. L'externalisation concerne donc autant les agences qui démarrent que les gestionnaires qui n'ont pas atteint la taille critique.

Nous avons été audités par Mickael Nogal, député de Haute Garonne, chargé d'une mission par le Premier Ministre, sur la simplification des rapports locatifs et la transformation du modèle des agences immobilières. Il rendra ses conclusions au mois de Mai, dans l'objectif de déposer un projet de loi. Les pouvoirs publics veulent généraliser l'intermédiation professionnelle, à condition que la qualité de service soit au rendez-vous. Il y a donc une formidable opportunité pour les agences, de conquérir ce marché, au travers des solutions innovantes que nous mettons à leur disposition. C'est dans cette esprit que nous développons nos interfaces, car nous sommes convaincus que les professionnels de l'immobilier doivent être les mieux armés pour capter le marché de la location et de la gestion.