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TAUX / FINANCEMENT

PTZ dans l'ancien : un dispositif qui peine encore à convaincre les professionnels

Chez les professionnels, le Prêt à taux zéro (PTZ) fait globalement l'unanimité pour le marché du neuf. Mais pour un premier achat d'un bien existant avec travaux, le son de cloche est loin d'être le même. Louable pour beaucoup d'entre eux ou totalement voué à l'échec pour d'autres, les conditions pour en bénéficier leur semblent en tout cas complexes à réunir.

Alors qu'en 2015 le PTZ dans l'ancien ne concernait que 5920 communes rurales, il est depuis le 1er janvier dernier ouvert à l'ensemble du territoire. Son objectif : aider les primos-accédants à financer un premier logement dans l'existant nécessitant travaux (à hauteur de 40 % du prix de l'acquisition) tout en bénéficiant de délais de remboursement beaucoup plus longs (de 5 à 15 ans). A travers cette mesure, le gouvernement espère aussi favoriser la création d'emplois dans le secteur du bâtiment, notamment dans le domaine de la rénovation. Chez beaucoup de professionnels, cette nouvelle mouture du PTZ est plutôt bien accueillie. « Jusqu'ici, le PTZ n'était pas mis en avant dans l'ancien, déclare Cécile Roquelaure, directrice communication et études du courtier Empruntis. Son élargissement vers plus de territorialité est une bonne chose. » Philippe Taboret, le directeur général adjoint de Cafpi, va même plus loin : « C'est un tournant idéologique et cela témoigne d'une inflexion politique majeure. Alors que le logement neuf monopolisait l'attention publique pour créer des emplois dans le bâtiment, le gouvernement réalise que le patrimoine existant participe à l'activité de rénovation et de réhabilitation, à l'origine de plus de la moitié du chiffre d'affaires des entreprises tous corps d'Etat. »

Un seuil de travaux conséquent

Pour en bénéficier, le bien convoité doit impérativement faire l'objet d'un programme de travaux d'amélioration, d'un montant correspondant à l'équivalent de 25% du prix d'achat. Et c'est là que le bât blesse... « C'est un montant conséquent, constate Cécile Roquelaure. En moyenne, les acquéreurs prévoient plutôt une enveloppe de travaux équivalente à 14% du montant de leur achat. Pour que le dispositif fonctionne, il y a un important frein psychologique à dépasser ! » Difficile quand on sait que, selon l'Observatoire du Moral Immobilier Logic-Immo/ TNS Sofres, un acquéreur sur deux se dit réfractaire à l'idée de se lancer dans de gros travaux. Laurent Vimont, président du réseau d'agences immobilières Century 21, ne mâche pas ses mots et se montre, quant à lui, clairement opposé au PTZ dans l'ancien : « Je n'adhère absolument pas au produit et j'aurais préféré que ce dispositif profite à 100% au marché du neuf qui, lui, produit du logement. Quant aux conditions... 25%, c'est un montant énorme ! Ceux qui pourront en bénéficier sont minoritaires et peu de logements me paraissent éligibles au dispositif (NDRL : toujours selon Logic-Immo, seuls 6% des vendeurs estiment que le montant des travaux à faire dans leur bien pourrait dépasser ce niveau). Je ne vois pas en quoi cela boostera les transactions dans l'ancien. »

Pas assez de communication et pourtant...

Autre pierre d'achoppement : le manque d'information autour du dispositif. La plupart des acquéreurs n'ont en effet pas conscience de son potentiel et 31% d'entre eux déclarent même ne pas savoir s'ils sont éligibles. Par ailleurs, peu d'entre eux savent qu'ils doivent à la fois fournir les devis des travaux prévus à leur organisme bancaire pour obtention du crédit mais aussi les factures après achèvement des différents chantiers et qu'en plus, ils doivent accomplir ces travaux dans un délai maximum de trois ans à compter de l'offre de prêt. Les professionnels de l'immobilier et les établissements de crédit ont donc intérêt à bien maîtriser le sujet et à accomplir un véritable travail de pédagogie auprès des acheteurs. D'autant que « Financièrement, on peut vraiment y gagner, explique Cécile Roquelaure. Avec le PTZ vous baissez considérablement les taux d'intérêt du crédit immobilier et sa durée de remboursement puisqu'une partie importante sera à taux zéro. » Certaines agences ont bien compris la nécessité de mieux accompagner leurs clients et affichent d'ors et déjà sur leurs annonces les travaux et l'enveloppe budgétaire à prévoir, ainsi que les possibilités de recourir au PTZ 2016. De quoi lever éventuellement les dernières réticences de primos-accédants frileux à l'idée de s'engager dans un vaste chantier.

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