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CONJONCTURE

PHILIPPE TABORET :« LES PRIMO ACCÉDANTS MANQUENT DE COUP DE POUCE »

Sur la période 2012-2014, l'âge moyen des primo-accédants a reculé de 33 à 35 ans, pour un revenu annuel moyen en hausse de 9,76 % fixé à 45 000 €. L'emprunt total grossit de 156 000 € sur 20 ans et 10 mois à 175 000 € sur 19 ans et 7 mois. Une situation alarmante, selon Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi.

Vous avez signé début décembre un pamphlet enflammé : « L'exclusion des primo-accédants n'a que trop duré » ! A qui ont finalement profité les taux d'emprunt bas en 2014 si ce n'est pas aux nouveaux accédants ?

Pas aux primo, ils n'ont pas les moyens d'acheter. Ils sont exclus. A moins d'avoir de gros revenus, de belles situations, des apports ou des dotations. Ils ne deviennent plus propriétaires. Il y a 2/3 ans, nous avions 60 % de primo pour 40 % de secundo accédants. Aujourd'hui la tendance s'est inversée avec 60 % de secundo pour 40 % de primo.

Ce sont donc les secundo qui profitent des taux bas. Les 20 % de primo que nous avons perdu, ce sont les jeunes qui démarrent dans la vie. Ils pourraient payer un crédit. 1 000 € mis dans un loyer ce sont 1 000 € qui pourraient passer dans le remboursement d'un prêt. Mais il leur manque un coup de pouce parce qu'ils ne peuvent pas honorer les frais de notaire et sont inquiets face à la conjoncture. Rien ne les aide à acheter.

Quels sont les freins qui bloquent les primo-accédants ? Les banques ? L'Etat et ses cadres réglementaires rigoureux ?

Le frein principal est que nous sommes en pleine crise du logement. Nous sommes en déficit d'habitations. Il y a un déséquilibre entre l'offre et la demande. C'est tout de même terrible de ne pas comprendre qu'il est nécessaire de fournir du logement à ceux qui en ont besoin. Nous devons construire en masse là où cela est nécessaire et rattraper le retard accumulé depuis deux décennies. Il faudrait mettre en place des mesures qui favoriseraient cette construction.

La déréglementation avait été promise dans la loi Alur puis Pinel. Pour libérer des terrains, pour ne pas imposer systématiquement autant de contraintes aux promoteurs comme l'accession à 100 % pour les handicapés ou l'obligation de créer des logements non énergivores, qui multiplient les coûts de construction par 2.

Il y a ensuite toute la réglementation locale, foncière : comment habilite-t-on les terrains ? Comment distribue-t-on des permis de construire ? Comment fait-on les recours ?

Un ensemble de détails qui bloque les programmes. Il faut déréglementer. Les pouvoirs publics savent tout cela mais il n'y a plus de courage politique. Engager ce type de réforme est impopulaire pour les élections.

Second frein, le manque d'accompagnement des foyers désireux d'acheter mais qui rencontrent des difficultés.

Qu'est-ce qui pourrait aujourd'hui être fait pour réintroduire les primo-accédants et leur conférerplus de solvabilité ?

Il n'existe pas assez d'aides. Il y en a bien une dans le neuf mais on ne commence que très rarement, de nos jours, sa vie de propriétaire en faisant construire une maison. En province peut-être mais pas dans les zones tendues des grandes villes.

On commence dans l'ancien, c'est le coeur de cible. Qui est également d'ailleurs le marché principal, entre 700 000 et 750 000 opérations par an.

C'est l'ancien qui permet au marché de fonctionner, qui permet aux gens de revendre puis de racheter ou de faire construire. Mais il manque encore 100 000 transactions annuelles pour que tout aille bien. Et ces 100 000 ce sont les jeunes primo-accédants absents.

Au-delà d'une bonne conjoncture avec baisse des prix et taux d'emprunt bas, il faudrait un retour du PTZ dans l'ancien. Alors oui, Sylvie Pinel vient d'annoncer qu'il serait réintroduit dans 6 000 communes rurales. Mais cela ne va rien changer.

Et surtout il ne va pas assez loin. Il devrait être mis en place dans les zones où les jeunes ont envie de vivre. Il ne faut pas les exclure et les mettre en zone rurale. Il faut les mettre dans les villes, là où il y a de l'emploi, de la culture et du dynamisme.

Pour ce fait, je propose de normaliser un PTZ eco-conditionné, qui pourrait concerner les logements et bureaux vacants, les biens inutilisables, qui serait réservé aux primo-accédants modestes dans les zones tendues et qui pourraient adapter le logement et le rendre moins énergivore.

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