Nov./Déc. 2013
BERNARD CADEAU :
« NOUS DEVONS FAIRE FRONT COMMUN... »
Interviewé par Expression, Bernard Cadeau, président du réseau Orpi, dévoile son analyse sur les différentes actualités qui marquent actuellement le marché de l'immobilier.

Qu'il soit considéré en situation alarmante ou non, cela fait désormais un moment que le marché immobilier n'a pas dévoilé d'embellie. Alors que certains secteurs parviennent tant bien que mal à se maintenir à flot, pour d'autres l'urgence est nettement plus palpable.

Un marché compliqué
mais qui résiste
« Le marché est très contrasté composé de secteurs très actifs et d'autres en grande difficulté. Les premiers, qui couvrent les zones dites tendues, les grandes métropoles, le littoral, les grands bassins d'emploi, sont très demandés. Ils génèrent une forte activité et un dynamisme certain qui se traduit par un volume de ventes constant voire en légère progression. Ces résultats sont toutefois obtenus au prix de beaucoup d'efforts et d'énergie, tant, malgré tout, l'environnement général est complexe.
A l'inverse les secteurs plutôt ruraux, concernés par des difficultés économiques locales avec impact sur l'emploi, sont des secteurs où l'activité et le volume des ventes baissent, avec pour premier responsable un pouvoir d'achat en berne ».
La France n'inspire pas confiance
Une bulle immobilière ne serait assurément pas de bon aloi, surtout à l'heure où l'agence de notation Standard & Poor's dégrade la note de l'Hexagone de « AA+ » à « AA ». Difficile de ne pas songer à l'implicite impact de cette annonce sur le marché de l'immobilier. Moins confiants et peu rassurés, les investisseurs risquent une fois de plus de préférer l'immobilisme et le repli à l'audace et à la témérité. « Nous sommes confrontés à une incertitude assez générale qu'il est délicat de gérer. L'économie ne fonctionne pas correctement, il n'y a pas de visibilité, il n'y a aucune stabilité fiscale et l'on peut être inquiet de ce flou persistant. Tout ceci est destructeur de confiance or nous savons qu'il s'agit là d'un ingrédient indispensable à notre activité » explique Bernard Cadeau.
Où sont les investisseurs ?
Depuis le second semestre 2012, les chiffres collectés en matière d'investissement locatif ne cessent de régresser. En un an, la part des investisseurs dans l'immobilier ancien a fléchi de 5,8 % sur le territoire national. Pire encore, dans la région parisienne, la part des investisseurs particuliers a décliné de 11 % depuis janvier. Nombreux seraient désormais les investisseurs à privilégier l'immobilier commercial au locatif ou à préférer vendre pour ne pas se retrouver avec un bien fiscalement désavantageux sur les bras. Les récentes annonces gouvernementales sur la réforme de la taxe sur les plus-values immobilières, l'encadrement des loyers et la non moins fameuse garantie universelle des loyers (GUL) maintiennent la pression sur des investisseurs déjà fragilisés. «
Si l'on diminue petit à petit la rentabilité de l'investissement locatif, parce que c'est à ça que l'on arrive, que va-t-il se passer ? Les gens n'auront plus l'envie ni les moyens d'entretenir les logements ou vont se détourner de l'immobilier. Si demain, tout confondu, on arrive à une rentabilité qui est à peine équivalente voire inférieure à un placement en assurancevie ou sur d'autres supports d'épargne, il ne faudra pas s'étonner que les candidats potentiels, concentrent leurs risques financiers ailleurs. On est face à une véritable crise du logement et de la confiance » clame le president d'Orpi.
La goutte Duflot qui fait déborder la France
La source de tous les maux des investisseurs et par corrélation du marché de l'immobilier ? Cécile Duflot, la ministre écologiste du Logement.
Bernard Cadeau ne s'en cache pas, il fait partie de ses nombreux détracteurs qui s'insurgent contre son controversé projet de Loi ALUR (Accès au logement et un urbanisme rénové).
« Nous sommes absolument contre ! Sur la GUL, la répartition des honoraires ou encore sur l'encadrement des loyers. C'est une loi qui est tout à fait dangereuse, non pas pour une catégorie de professionnels mais pour tout et tous en général. C'est une loi (si elle est votée en l'état) qui sera marquée par l'idéologie plutôt que par le pragmatisme économique, qui devrait, à mon sens et en toute logique, prévaloir ».
Selon le président d'Orpi, l'effet du texte va être dévastateur. Notamment sur le contrôle du prix des loyers dont il présage deux effets pervers : les loyers les plus modestes ne seront plus attrayants car revalorisés selon la technique du loyer médian. Et les loyers les plus chers seront dévalués sans considération. « C'est totalement incohérent ! On va aller dire à des gens qui ont investi dans des dispositifs fiscaux antérieurs, telle que la loi Scellier, de renoncer à leur modèle économique et à l'équilibre d'origine de leur projet pour respecter l'encadrement des loyers, c'est incroyable ! ».
« Restons mobilisés ! »
Contre toute attente, en dépit de la vague de contestations qu'elle a engendrée, la Loi ALUR a été adoptée en première lecture au Sénat le 26 octobre dernier. Les députés l'avaient déjà entérinée le 17 septembre. Si Cécile Duflot doit encore défendre son projet en seconde lecture à l'Assemblée nationale, tout porte à croire que le texte fera bientôt définitivement partie intégrante de la réglementation française.
« Rien n'est encore perdu à l'heure où nous parlons. Nous devons rester mobilisés; chaque professionnel peut encore agir ! Nos arguments, strictement économiques, nous permettent de démontrer que les orientations prises ne sont pas les bonnes et que d'autres sont plus efficaces. Syndicats et organisations commerciales, nous devons faire front commun pour ne pas laisser faire cela ! Sinon, la perte de confiance va accélérer la pénurie de biens et donc accroitre la pression sur les prix. Le coup de grâce sera alors donné et se retournera contre ceux que ce texte est censé protéger : les locataires » défend Bernard Cadeau.
Orpi tente de maintenir l'investissement à sa façon
En dépit des multiples remous du marché et de ce climat de défiance pesant, instauré par un Etat devenu gendarme, le réseau Orpi se porte bien et entend faire profiter ses clients de sa bonne santé économique.
L'enseigne conduit actuellement deux campagnes pour redonner du pouvoir d'achat à sa clientèle et influer sur les prix en les revisitant à la baisse. « Dans le cadre du financement nous offrons jusqu'à 10 000 € de pouvoir d'achat en plus. Notre initiative fonctionne bien car elle répond à un besoin réel; les jeunes, les primo-accédants (ce sont souvent les mêmes), les classes moyennes souffrent beaucoup et sont en passe d'être exclus du marché, compte tenu des conditions plus difficiles d'accès au crédit. Nous cherchons donc à les maintenir dans ce marché » explique Bernard Cadeau.
Second dispositif, la revisite des prix. Objectif : aider les vendeurs à fixer la juste valeur de leur bien et mettre leur prix de vente en adéquation avec la nouvelle réalité du marché. « Les ajustements peuvent aller de 5 à 15 %. Notre bilan sur 10 mois, à fin octobre, s'établit à une baisse moyenne de 5 % sur les ventes réalisées. C'est positif mais il faut poursuivre dans ce sens ».

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