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TÉMOIGNAGE

Un ministre pour le logement plutôt qu'un ministre du logement

Président délégué de la FNAIM

Emmanuel Macron, devenu le Président Macron, n'a cessé de nous surprendre depuis qu'il est sorti de l'ombre. Secrétaire général adjoint de l'Élysée, son influence était considérable mais la France ne l'a vraiment découvert que lorsqu'il est entré à Bercy comme ministre de l'économie.

Il a d'emblée bousculé les codes en remettant en question des acteurs qui faisaient partie des institutions du pays, chauffeurs de taxi ou notaires. Il a eu le front de démissionner du gouvernement, de créer ex nihilo un mouvement politique... et de balayer les figures des grands partis. Parvenu à la magistrature suprême, il choisit enfin un Premier ministre au profil atypique, sans expérience gouvernementale. On aurait eu tort d'imaginer qu'il s'arrêterait en si bon chemin : voilà qu'il forme un gouvernement, sans ministère du logement ! L'absence dans l'organigramme d'un portefeuille dédié au logement a choqué, et les réactions négatives se sont multipliées. En réalité, c'est une véritable option stratégique qui vient d'être exprimée, en préférant un ministère de la cohésion des territoires, clairement en charge du logement - Matignon l'a confirmé -, à un ministère du logement. Ce ministère a le plus large périmètre qui puisse se concevoir pour l'habitat, incluant l'aménagement du territoire, la ville, le dialogue avec les collectivités locales et le logement. Car enfin, au-delà de la satisfaction d'avoir un ministère spécialisé sur le logement, que le pays a eue naguère encore, quel bénéfice ? Au moment de traiter les problématiques foncières, quelle efficacité si l'on n'a pas la hauteur de vue de l'aménagement de tout le pays ? Pour tempérer la fiscalité au profit des ménages, comment équilibrer l'équation si l'État allège quand les collectivités alourdissent ? Et peut-on ignorer la situation particulière des espaces urbains, pour certains tendus à l'excès, parfois à vif socialement, pour d'autres en voie de dévitalisation ? Ainsi, le nouveau ministère a plus de moyens que jamais de servir la cause du logement. Il était temps de prendre du champ. Oui, il faut remettre de la cohésion et de la cohérence entre nos territoires, et le logement s'en portera mieux. Reste la question budgétaire.

On ne peut nier que les grincements de dent à l'annonce d'un gouvernement sans ministre du logement désigné aient eu pour cause la crainte d'une déconsidération budgétaire. Là encore, veut-on continuer à alimenter le tonneau des Danaïdes, avec une enveloppe qui enfle chaque année - plus de 40 milliards d'euros aujourd'hui -, ou veut-on dépenser mieux ? Les fonds publics sont-ils là pour compenser en zones denses la hausse incessante du foncier et par voie de conséquence des prix de sortie, du neuf comme de l'ancien ? Jusqu'à quand s'accommodera-t-on d'aides personnelles de moins en moins efficaces et mal ciblées ? Jusqu'à quand pensera-t-on sans nuance que le pays a besoin de toujours plus de HLM, alors que les investisseurs privés ne demandent qu'à entrer dans le jeu, sans solliciter les fonds publics ? Le ministère de la cohésion des territoires n'est pas un ministère du logement, fait pour rassurer à bon compte, mais un ministère pour le logement, conçu pour le faire gagner, pour réunir les conditions d'un logement heureux au profit des ménages. Qui s'en plaindrait ? Pas les professionnels, acteurs et régulateurs de cet équilibre des territoires.

Photo | Président délégué de la FNAIM

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